MÉTHODOLOGIE COMMENTAIRE DE TEXTE

Morceaux choisis dans les rapports ENS

Introduction

Les étapes recommandées : introduction générale ou accroche (qui peut évoquer par exemple la période, l'auteur, des thématiques similaires évoquées dans d'autres romans ou bien encore des questions plus générales sur les arts et la peinture) ; une présentation synthétique du texte et sa structure, une problématique, puis l'annonce du plan clairement exposé. On rappellera ici que le lien avec d'autres œuvres en introduction ou en conclusion doit être pertinent et argumenté : il ne s'agit pas de meubler ou d'illustrer mais d'utiliser un exemple précis en montrant comment il permet d'éclairer et de questionner le texte à commenter.

La problématique ne doit pas être trop générale (We will see how the novel opens onto a wider interrogation about the world we live in) et doit être formulée dans une langue compréhensible.

Le plan de même doit être présenté avec la plus grande clarté - on déconseillera d'ailleurs de présenter l'ensemble du plan en une seule phrase. Il ne faut pas hésiter à utiliser les marqueurs logiques (first, second, third, next, then, finally). Enfin, s'il faut respecter ces différentes étapes, il faut aussi veiller à ce que l'introduction ne soit pas trop longue afin d'entrer rapidement dans le vif du sujet.

Développement

Le commentaire doit présenter une lecture problématisée : cela signifie que l'on ne peut se contenter de repérages thématiques des champs sémantiques, d'analyses narratologiques plaquées (focalisation interne /externe) qui ne mènent à rien, ou d'une lecture descriptive.

Si un plan en deux parties est tout à fait acceptable, il faut se méfier des plans binaires qui ne mènent bien souvent qu'à des remarques générales et à une paraphrase élaborée.

Il faut éviter le commentaire psychologisant, comme les lectures morales. Les copies qui ne présentent aucune analyse du style, aucune question sur le genre ou sur les jeux narratifs, et dont la dimension littéraire ou esthétique est totalement évacuée, sont vouées à l'échec ; pour autant, un catalogue de remarques formelles non appuyé sur une problématique ferme ne saurait constituer un commentaire satisfaisant.

Parmi les écueils à éviter, on mentionnera les plans qui scindent fond et forme, les plans binaires et schématiques, les plans qui se contentent d'une juxtaposition sans proposer une interprétation globlale (1. A confused Narrator, 2. A Hypocritical Society, 3. The Importance of Religion), les plans thématiques (1. the Wilderness, 2. Religion, 3. History). Un catalogue de remarques formelles non sous-tendues par une problématique ferme ne permet pas de progresser dans la compréhension ni dans l'interprétation du texte.

Dans leur commentaire, les candidats doivent utiliser tous les outils de l'analyse littéraire pour arriver à une compréhension fine et complexe du texte, présentée dans une démonstration logique, avec une progression d'une partie à l'autre. Les repérages thématiques et lexicaux sont une première étape mais ils ne suffisent pas. 

La focalisation est un outil indispensable à la bonne compréhension d'un texte et donc à l'analyse littéraire : c'est une étape primordiale puisqu'il convient de toujours distinguer qui parle et d'analyser le point de vue, mais elle ne saurait pour autant constituer un axe d'analyse développé pendant toute une partie. il ne s'agit là que d'un élément d'analyse qui souligne l'esthétique romantique du texte.

Si la structure du raisonnement peut être habilement soulignée par l'emploi de connecteurs logiques (in like manner, in addition, however, on the other hand, besides, in other words, for this reason...), il faut les utiliser à bon escient et avec discernement : le jury déplore ainsi une inflation de moreover. Enfin, dans une copie manuscrite, les titres doivent être soulignés.

On rappelle à nouveau l'inutilité des catalogues de remarques formelles et analyses stylistiques qui ne sont pas étayés par une problématique forte. Le commentaire doit expliquer quelles stratégies narratives, stylistiques et rhétoriques sont mises en œuvre pour exprimer telle idée : les candidats qui ont du mal à éviter la paraphrase doivent garder en tête que l'exercice du commentaire répond à deux questions qui vont de pair et qui sont « comment ? » et « pourquoi ? ». L'absence de toute analyse stylistique, rhétorique, structurelle, pragmatique, condamne le « commentaire » à une approche seulement thématique . Les remarques formelles ne suffisent pas pour autant : le relevé des couleurs sans analyse, le simple repérage des champs lexicaux, des allitérations ou du rythme qui ne seraient pas reliés fermement à la problématique (« There is the lexical field of religion » ; « There are many colours... ») ne permettent qu'une étude très partielle du texte, largement insuffisante car seulement descriptive.  Le commentaire demande une analyse critique du texte et non un simple repérage des procédés rhétoriques mis en œuvre.

Les meilleures copies savent articuler plusieurs niveaux de lecture, organisés autour d'une problématique bien formulée et d'un plan dynamique ; les références contextuelles ne sont pas plaquées, les micro-lectures sont pertinentes et astucieuses.

Les deux ou trois parties qui compose le devoir sont clairement identifiables grâce à une disposition aérée sur la page, et des transitions qui résument la progression de l'argumentation.


Conclusion :

Récapitulation de la structure du raisonnement, suivie d'une réponse à la problématique. Ouverture possible mais le lien avec d'autres œuvres doit être pertinent et argument.


Les rapports ENS :


Rapport ENS 2019

Cette année encore, le jury note avec plaisir que les candidats et candidates apportent un soin tout particulier, à raison, à l'introduction. Les accroches ont été souvent pertinentes, plusieurs candidats commençant par une citation (« What's in a name ? » dans Romeo and Juliet, « The past is not dead, it's not even past » dans Requiem for a Nun de Faulkner) ou plaçant d'emblée l'accent sur l'histoire puritaine des Etats-Unis en citant le sermon de John Winthrop « We shall be as a city upon a hill » (1630). L'accroche conduit à une présentation synthétique du texte et de sa structure, suivies par la problématique, puis l'annonce du plan clairement exposé.

La problématique doit être formulée de façon claire, comme dans les exemples suivants :

We shall wonder to what extent the narrator manages to make sense of all the past he inherits, thus trying to define himself and his identity so as to make a whole out of the holes he has to cope with, while developing a biting sense of irony.

To what extent does the homodiegetic narrator, by telling his personal story, question the American history in order to debunk the idea of a dogmatic historical truth?

The reader may wonder how John Irving turns the narrator's semi-autobiographical account into the parody of a myth that explores the relation between truth and fiction.

How does the narrator frame his memories and construct the dynamics of their exposition? Through a mock-autobiographical device, the filtered authorial voice presents an explanatory fantasy of America.

The geographical and historical background of the narrator's environment is specifically described allowing the reader to question the importance given to such a description in an attempt to rebuild the scenery of his family history. The use of speculation when evoking the past along with the appraisal of religious authority in different faiths also allows the narration to question the obedience one should show towards intellectual institutions such as history or religion. One should thus wonder how the reconstruction of John Wheelwright's family history allows the narration to question the importance given to the representation of authority.

Les candidats doivent proposer une interprétation problématisée : un plan thématique du type 1. Religion in the US; 2. Indians in the US est à proscrire puisqu'il ne s'agit pas d'un récit historique mais d'un texte de fiction. Le jury n'attend pas de la part des candidats un commentaire historique, ni même qu'ils identifient John Wheelwright1- et c'est à cet effet que plusieurs notes, identifiant John Adams, Mrs Hutchinson, etc., avaient été ajoutées à l'extrait proposé. Il était cependant indispensable de maîtriser les fondements de l'histoire américaine que sont les débuts de la colonisation anglaise, l'arrivée des Pères pélerins (Pilgrim Fathers) à Plymouth (à ne pas confondre avec les Pères fondateurs, Founding Fathers), la fondation de la Nouvelle Angleterre (à ne pas confondre avec Pocahontas en Virginie), et l'importance du puritanisme. Certains commentaires qui ont placé Gravesend dans le Kentucky, pensant que Kent était une abréviation, ou d'autres qui ont parlé de *the British church, ont révélé d'inquiétantes lacunes. Les connaissances, quand elles sont maîtrisées, doivent être mises au service de la compréhension du texte : tout placage sur les treize colonies ou sur le pluralisme religieux aux Etats-Unis était en revanche inutile et une perte de temps pour les candidats.

Parmi les écueils à éviter, on mentionnera les plans qui scindent fond et forme, les plans binaires et schématiques (I. A Personal Story ; II. A Historical Perspective), les plans qui se contentent d'une juxtaposition sans proposer une interprétation globlale (1. A confused Narrator, 2. A Hypocritical Society, 3. The Importance of Religion), les plans thématiques (1. the Wilderness, 2. Religion, 3. History). Un commentaire sur un texte de fiction ne peut bien entendu faire l'économie de remarques sur la forme : il faut cependant comprendre que forme et fond sont intimement liés et pour ainsi dire inséparables. Un catalogue de remarques formelles non sous-tendues par une problématique ferme ne permet pas de progresser dans la compréhension ni dans l'interprétation du texte. A titre d'exemple, trop de candidats ou candidates ont noté la richesse de l'onomastique dans cet extrait, soulignant notamment l'opposition créée entre les Wheelwright et les Meany, sans pour autant en proposer une interprétation. Certaines notions narratologiques ne sont pas toujours maîtrisées : le « flux de conscience » (stream of consciousness) était inapproprié ici, de même que la notion de « pacte autobiographique » (Lejeune)- on pouvait au contraire parler de pacte fictionnel puisqu'une distinction s'affiche d'emblée entre le « je » de John Wheelwright et l'auteur. Les outils de l'analyse littéraire et les notions critiques doivent toujours être définis : ironie et parodie ne sont pas interchangeables, de même qu'il ne suffisait pas en troisième partie ou en conclusion d'annoncer triomphalement que le texte était post-moderne : encore fallait-il définir le terme et expliquer pourquoi ce terme s'appliquait à l'extrait proposé. Il faut d'ailleurs revoir la définition de « moderniste » que les candidats et candidates appliquent à tort uniformément à la littérature des XXe et XXIe siècles-à moins qu'il ne s'agisse chez certains d'une confusion entre modern et modernist? Le modernisme s'applique au courant apparu au début du XXe siècle, qui s'est surtout développé après la Première Guerre mondiale, dont les principaux représentants sont V. Woolf et J. Joyce. Si l'extrait proposé met en œuvre des modalités qui ont pu être déployées dans la littérature moderniste, telles que la fragmentation et la réflexivité du récit, cela ne signifie pas pour autant que Irving revendique une filiation directe avec ce mouvement. Au contraire, la caractérisation dickensienne des personnages, la composition narrative qui met en avant une histoire truffée de rebondissements, voire une forme de réalisme social, sont des éléments distinctifs de l'écriture de J. Irving (que l'on pouvait percevoir dans 1 Irving s'est inspiré de la biographie du vrai John Wheelwright, fondateur de la ville d'Exeter, New Hampshire, comme indiqué dans History of the Town of Exeter N.H., publié en 1888 par un certain Bell: sous la plume de J. Irving, Bell devient Wall. École normale supérieure de Lyon - Concours d'entrée - Rapport 2019 p.2 sur 31cet extrait) qui ont valu à A Prayer for Owen Meany d'être désigné comme un des grands classiques de la littérature américaine. Rappelons également que l'objet du commentaire n'est pas de produire un jugement de valeur ou une lecture psychologisante sur les personnages (« the narrator is a megalomaniac »), ni de verser dans un pseudo débat politique (un certains nombres de candidats ou candidates reprenant à leur compte les propos du narrateur, « Americans are not great historians, » sans même essayer d'aller au-delà du cliché). Un anti-américanisme primaire n'a pas sa place dans un exercice littéraire qui doit au contraire s'appliquer à montrer les subtilités d'un raisonnement. Les meilleurs commentaires ont su articuler plusieurs niveaux de lecture, montrant comment petits récits et grand récit s'imbriquaient, comment le grand récit se trouvait détourné par le récit familial, comment l'humour de J. Irving reposait sur l'art du contre-pied (presque littéralement si l'on se fie à la pratique sportive de l'ancêtre Wheelwright, « the art of tripping his opponents », l.38). Par le biais de cette rhétorique de déstabilisation, le faux pacte autobiographique permet de questionner l'histoire des Etats-Unis, mais aussi de confronter le genre du récit historique à celui de la fiction.

Langue

Le jury attire l'attention des candidats et candidates sur les erreurs de langue ci-dessous qui sont les plus communes et sont d'autant plus regrettables qu'elles devraient être maîtrisées à ce niveau d'études, même chez les non-spécialistes : - les « S » oubliés à la troisième personne, les prétérits et participes passés incorrects. - les accords: the US *are ; people *begins...- les majuscules oubliées aux noms et adjectifs de nationalité (English, American, British) ; - les génitifs impropres : *the 20th century's literature ;- les articles : *the New Hampshire ;- les constructions calquées sur le français : *he refers himself, *it echoes to ; the text is *in first-person narrative /the narrator speaks * at the first person (on dira dans ce cas: in this extract written in the first person / the book uses a first-person narration); - sur un plan grammatical, la confusion entre as et like ; - sur un plan lexical, la confusion entre raise et rise ; les barbarismes (*changement, *evocate; *a fail; *a foundator ) ; l'emploi impropre de speech(*John Wheelwright's speech). Dans le commentaire, il convient de faire référence au narrateur en l'appelant par son nom, John Wheelwright, ou bien en rappelant sa fonction, the narrator, et non en l'appelant par son seul prénom, John. Si la structure du raisonnement peut être habilement soulignée par l'emploi de connecteurs logiques (in like manner, in addition, however, on the other hand, besides, in other words, for this reason...), il faut les utiliser à bon escient et avec discernement : le jury déplore ainsi une inflation de moreover. Enfin, dans une copie manuscrite, les titres doivent être soulignés. Malgré ces difficultés qui se sont souvent accumulées dans les copies les plus faibles, le jury a néanmoins eu le plaisir de lire de nombreux commentaires rédigés dans une langue fluide et authentique. Il encourage les candidats et candidates qui n'ont pas encore acquis cette maîtrise linguistique et méthodologique à s'inspirer de ce relevé, ainsi que de ceux qu'ils et elles pourront consulter dans les précédents rapports, pour corriger systématiquement leurs erreurs et progresser.

Rapport ENS 2018

Le jury a relevé un effort dans la composition des introductions, qui pour une grande partie, suivaient les étapes recommandées : introduction générale ou accroche (qui pouvait évoquer par exemple la période, le Gilded Age, l'auteur, des thématiques similaires évoquées dans d'autres romans ou bien encore des questions plus générales sur les arts et la peinture) ; une présentation synthétique du texte et sa structure, une problématique, puis l'annonce du plan clairement exposé. On rappellera ici que le lien avec d'autres œuvres en introduction ou en conclusion doit être pertinent et argumenté : il ne s'agit pas de meubler ou d'illustrer mais d'utiliser un exemple précis en montrant comment il permet d'éclairer et de questionner le texte à commenter : ainsi de nombreux rapprochements avec The Picture of Dorian Gray de Oscar Wilde ou The Oval Portrait de Poe ont conduit les candidats à explorer avec beaucoup de pertinence la question de l'identité dans le portrait, de la vertu ou du vieillissement. En revanche, les références à Moby Dick, The Grapes of Wrath, ou Molière, témoignent d'un manque de discernement - quand elles n'obscurcissent pas tout bonnement le propos. La problématique doit être exprimée de façon claire, comme dans les exemples ci-dessous :

-How is the rhetoric of aesthetics instrumentalised in the service of a quest for a social identity?

-This mundane scene draws the portrait of the late 19th century elite through a mise en abyme of the art of portraiture.

-How does this text unveil the idea that art can reveal the self by showing yet an art of imitation ?

-How can we read in this extract more than just the evocation of a theatrical atmosphere that underlines the decadence of a society but a mimesis that reinforces the poiesis power of literature ?

L'on recommandera à nouveau aux candidats de vérifier qu'ils maîtrisent la forme interrogative et le style indirect : il est regrettable de voir autant de copies qui ne savent pas poser une question simple dans un style direct ou indirect. Le plan de même doit être présenté avec la plus grande clarté - on déconseillera d'ailleurs de présenter l'ensemble du plan en une seule phrase. Il ne faut pas hésiter à utiliser les marqueurs logiques (first, second, third, next, then, finally). Enfin, s'il faut respecter ces différentes étapes, il faut aussi veiller à ce que l'introduction ne soit pas trop longue afin d'entrer rapidement dans le vif du sujet.

Dans leur commentaire, les candidats doivent utiliser tous les outils de l'analyse littéraire pour arriver à une compréhension fine et complexe du texte, présentée dans une démonstration logique, avec une progression d'une partie à l'autre. Les repérages thématiques et lexicaux sont une première étape mais ils ne suffisent pas. Ainsi beaucoup d'étudiants ont repéré que la théâtralité était un thème important mais sans parvenir à la relier à la question de la satire sociale, du règne des apparences, du "theatrum mundi". Il faut aussi se garder des conclusions hâtives et imprécises: la théâtralité d'un texte n'est pas un signe intrinsèque d'hypocrisie ou de dissimulation. L'hypocrisie de la scène devait être démontrée - en repérant par exemple dans la voix narrative les décalages entre le commentaire sentencieux du début et la description prosaïque de certaines réactions. L'ekphrasis et l'épiphanie de Selden ont été assez bien traitées, mais là encore on aurait souhaité que les candidats aient un regard plus critique sur l'enthousiasme solipsiste de Selden : les effets de transition dans la focalisation devaient inciter à plus de prudence devant les clichés romantiques. La focalisation est un outil indispensable à la bonne compréhension d'un texte et donc à l'analyse littéraire : c'est une étape primordiale puisqu'il convient de toujours distinguer qui parle et d'analyser le point de vue, mais elle ne saurait pour autant constituer un axe d'analyse développé pendant toute une partie. Il faut surtout expliquer l'effet produit: en l'occurrence, la focalisation zéro permet de comprendre l'émotion esthétique qui envahit Selden (l.7-8, l. 24-27, l. 41-46) mais aussi son aveuglement, car s'il perçoit la vulgarité des propos d'un Van Alstyne (« Does one go to Caliban for a judgment on Miranda ? », l. 55-56), il ne semble pas comprendre le rôle ambigu de Lily, ce que souligne de façon subtile la voix du narrateur, lorsqu'il/elle emploie dans la même phrase les deux expressions opposées « the predominance of personality » (l. 31) et l'expression « flesh and blood loveliness » (l. 34) Enfin, le texte ne doit pas être considéré comme un objet esthétique, un jeu savant de relations entre les signifiants : des micro-lectures centrées sur l'aspect visuel ou sur l'ekphrasis ont conduit parfois à une véritable myopie quant à la dimension politique du texte (ici la position des femmes) ou la signification véritable de l'apparition de Lily, apothéose de la mise en scène et non expression de la "vérité" de son être.

Langue

Le jury attire l'attention des candidats sur les erreurs de langue ci-dessous qui sont les plus communes et d'autant plus regrettables qu'elles devraient être maîtrisées à ce niveau d'études, même chez les non-spécialistes : - les problèmes d'orthographe sur des mots très simples (*Literatur ; *litterature ; *writen, *writting ; *movments ; a *mondain atmosphere ; *Shakespear ...) et les noms propres des personnages principaux du texte et de l'auteur mal orthographiés (*Lili; *Seldent ; *E. Whartone) -les problèmes de vocabulaire : *To what extend.... ; *we assist to a representation a *paint; action begins in medias *rush; comedians*; the *research of beauty ; confusion entre critic, critique, criticism; -les génitifs impropres : *the New York's elite society ; *a Shakespeare's play ; the *society's criticism...-les articles : *the Lily Bart's portrait ; a focus on *public's reaction ; -les accords: the US *are ; people *begins...-la forme interrogative et le style indirect: we can wonder how *does the text convey Lily Bart's tragic existence through the vivid presentation tableaux vivants? -les "S" oubliés à la troisième personne, les prétérits et participes passés incorrects. Le jury a néanmoins eu le plaisir de lire de nombreuses copies rédigées dans une langue fluide et authentique, sans jargon superflu, et il encourage vivement les candidats et les candidates qui n'ont pas encore acquis cette maîtrise linguistique et la maîtrise du commentaire à s'inspirer des relevés qu'ils pourront consulter dans les précédents rapports, pour corriger systématiquement leurs erreurs et progresser.


Rapport ENS 2017

La bonne compréhension du texte ne nécessitait pas de connaître le détail des réformes politiques entreprises par Disraeli. La très grande majorité des candidat.e.s a su éviter la confusion fâcheuse entre « Reformation » et « reforms » qui entraînait des contresens en série. De nombreux.ses candidat.e.s ont d'ailleurs su habilement mettre à profit leur connaissance du contexte : les Poor Laws, avec la loi de 1834 qui institue les workhouses comme seule aide possible aux pauvres capables de travailler ; les Corn Laws (1815-1846) dans le contexte des Hungry Forties (récession économique et flambée des prix occasionnée par le protectionnisme et l'augmentation de la population) ; le Chartisme (1838) qui demande une réforme parlementaire pour une meilleure représentation de la population ; le mouvement d'Oxford des Tractariens, empreint de nostalgie pour le monde médiéval, en réaction au rationalisme et au pragmatisme ambiants. Toutefois, l'exercice n'en reste pas moins celui du commentaire littéraire : ces éléments de contextualisation pouvaient illustrer ponctuellement telle analyse, ou servir à introduire le sujet, ou à l'élargir en conclusion, mais l'objectif de l'épreuve est bien de montrer la richesse d'un texte littéraire en en proposant une lecture critique. Les placages de connaissances sur l'empire britannique, sur la société victorienne, sur la Réforme ou les réformes électorales ne peuvent se substituer au travail de l'analyse et de l'interprétation qui doivent faire ressortir la dimension esthétique et poétique du texte. On rappelle à nouveau l'inutilité des catalogues de remarques formelles et analyses stylistiques qui ne sont pas étayés par une problématique forte. De même, un relevé de champ sémantique n'apporte rien à l'analyse tant qu'on ne répond pas aux questions « comment? », « pourquoi? », « quel effet produit ? ». On relève des erreurs fréquentes sur les questions de focalisation. Egremont a souvent été confondu avec le narrateur dans la deuxième partie du texte, ou à l'inverse, sa réflexion personnelle a été qualifiée de stream of consciousness. L'emploi du discours indirect libre dans la deuxième partie du texte (l. 40-54) permet certes d'entendre les interrogations d'Egremont mais ne constitue en rien un exemple du « flux de conscience » tel que les modernistes l'ont expérimenté pour souligner la non-linéarité de la pensée. On note également une difficulté dans l'emploi de la langue de l'analyse, souvent maladroite et impropre : au lieu de « *The narrator stays heterodiegetic », « *the narration becomes internal », il vaut mieux écrire par exemple, « the heterodiegetic narrator starts with the description of the abbey, which gives way in the third paragraph to internal focalization ». S'il est important de noter le passage de la focalisation zéro à la focalisation interne dans le milieu du texte, l'analyse des niveaux narratologiques ne saurait constituer la trame d'une partie tout entière du commentaire : il ne s'agit là que d'un élément d'analyse qui souligne l'esthétique romantique du texte. La littérature est jeu d'échos et de correspondances ; c'est pourquoi l'on encourage les candidat.e.s à s'appuyer sur leur formation pluridisciplinaire pour enrichir la lecture d'un texte quel qu'il soit. Il convient cependant d'éviter les parallèles vagues et généraux qui n'apportent rien à la démonstration : « *This extract is like the 'Rougon-Maquart' by Zola because Disraeli denounces the poor's miserable life too. ». Sont également à éviter les références multiples et surperficielles qui confinent parfois au « name-dropping », lorsqu'une même copie compare le texte à Thoreau, Victor Hugo (Les travailleurs de la mer et Notre-Dame de Paris), Huckleberry Finn, au Policraticus de John of Salisbury (1159) et à la Politique d'Aristote. La langue riche, poétique et parfois teintée d'archaïsmes de Disraeli n'a pas semblé déstabiliser les candidat.e.s, ce dont le jury s'est réjoui. En revanche, trop de copies se sont engouffrées dans des interprétations toutes faites, en discourant sur les pauvres en Grande-Bretagne sans chercher à comprendre la spécificité du texte. Les plans en deux parties consacrées au paysage romantique (I) puis à la politique (II) rendaient certes compte de l'importance de ces deux questions mais restaient insatisfaisants tant que n'était pas examiné le lien entre ces deux thématiques. Les meilleures copies ont su articuler plusieurs niveaux de lecture, notant l'hybridité du texte, avec le passage de l'esthétique romantique au roman politique, faisant le lien entre la structure du texte et la biographie de Disraeli, qui d'auteur à succès, devint premier ministre en 1867, montrant comment le pittoresque (à la différence du sublime) permet de déboucher sur un questionnement politique. Le jury félicite les nombreux.ses candidat.e.s qui ont proposé des lectures fines qui notaient la rhétorique socialiste et marxiste du discours social d'Egremont (« accumulated ; their rulers ; class ; the riches of the world »,l. 47-50) mais soulignaient son ambivalence puisqu'il ne remet pas en cause la supériorité de l'aristocratie. Egremont se fait le chantre d'un conservatisme paternaliste : il condamne une société victorienne égoïste, impérialiste, hégémoniste (« the first of nations », l. 51), dure envers ses pauvres (Egremont réfute la notion de «undeserving poor » quand il observe leur labeur, « unconscious energies », l. 48) mais n'envisage qu'une forme de charité en guise de redistribution des richesses.

Langue et style

On notera parmi les maladresses de style dans l'analyse : -l'usage de « can » (« *I can divide the text into three parts », « *I can detect the religious setting with the religious lexical field ») ; -des remarques maladroites sur la longueur des phrases (« *the numerous places described put the reader in a second state [sic] where he can doze off because he gets bored from all the details », « *we have the feeling this sentence will never end... ») ; -un registre inapproprié (« *the rich are the baddies ») ; -des formules absconses (« *the text can be reminiscent by anticipation of Steinbeck's Grapes of Wrath»; « *how is this text describing a set of ruins, tinged with a form of writing which renders the complexity of history and progress? » ; « *How does the narrative element justify the uncanny description by highlighting the subliminal themes of death and change ? ») ; -des calques :« *I'll ask myself / *he interrogates himself » ; « *it permits... » ; « *the majuscules » ; « the author *concentrates on » ; « *An involved novel » (pour « a social protest novel ») ; « *the wealths » ; « *changement » ; « *representate »; « *to precise »; etc. Parmi les erreurs de langue les plus communes, le jury ne peut que déplorer : -les erreurs d'articles : *the line 33 ; *the nature ; *the romanticism ; *the tradition ; et à l'inverse, *Ø past, *Ø present, *Ø aristocracy, *on Ø one hand ; -l'absence de majuscules aux adjectifs de nationalité et tirés de noms propres : Victorian, English, British ; -l'absence de titres soulignés ; -les fautes d'orthographe : confusion entre writing / writer / written ; «abbey », un mot repris pourtant trois fois dans le texte, était parfois indifféremment orthographié « * abbaye », « * abbeye », « * abey » dans une même copie. -les fautes grammaticales : « *the riches and the poors » ; «-s » oubliés à la troisième personne du singulier ; confusion entre « as » et « like » ; désinence « ed » oubliée au prétérit et au participe passé ; -les calques syntaxiques : « *a text in which *emerges a strong feeling of... ».-la forme interrogative et la syntaxe du style indirect sont à revoir. Le jury a néanmoins eu le plaisir de lire de nombreuses copies rédigées dans une langue fluide et authentique, sans jargon superflu, et il encourage vivement les candidat.e.s qui n'ont pas encore acquis cette maîtrise linguistique à s'inspirer de ce relevé, ainsi que de ceux qu'ils.elles pourront consulter dans les précédents rapports, pour corriger systématiquement leurs erreurs et progresser.


Rapport ENS 2016

Le jury renvoie les candidats qui semblent dépourvus face à cet exercice aux rapports des années précédentes. Le commentaire doit présenter une lecture problématisée : cela signifie que l'on ne peut se contenter de repérages thématiques des champs sémantiques, d'analyses narratologiques plaquées (focalisation interne /externe) qui ne mènent à rien, ou d'une lecture descriptive sur l'opposition entre les deux familles ou sur la«magie de l'amour ». Si un plan en deux parties est tout à fait acceptable, il faut se méfier des plans binaires : les commentaires organisés sur le modèle 1) L'amour selon Margaret; 2) L'amour selon Chacko ; ou bien, 1) Opposition Orient/Occident; 2) L'Amour triomphant des obstacles, ne menaient bien souvent qu'à des remarques générales et à une paraphrase élaborée. Il faut éviter le commentaire psychologisant (l'amour comme révélateur de l'identité ; l'amour comme forme d'émancipation ; l'opposition des parents à la diversité ; l'insouciance de la jeunesse), comme les lectures morales (la passion ne dure pas ; les mariages mixtes sont voués à l'échec). Les copies qui ne présentent aucune analyse du style, aucune question sur le genre ou sur les jeux narratifs, et dont la dimension littéraire ou esthétique est totalement évacuée, sont vouées à l'échec ; pour autant, un catalogue de remarques formelles non appuyé sur une problématique ferme ne saurait constituer un commentaire satisfaisant. Ainsi, le relevé des images qui participent du conte (Porcupine, frog, genie) ou le simple constat d'un trait stylistique (« There are many interruptions... ») n'apportent rien à la compréhension du texte s'ils ne sont pas reliés à la problématique. La problématique ne doit pas être trop générale (We will see how the novel opens onto a wider interrogation about the world we live in) et doit être formulée dans une langue compréhensible : on évitera les formules alambiquées (*therefore I will examine how the narrative of a modern love story manages to debunk the contrasted behaviour of today's society to highlight its weaknesses and reveal what may be hidden under appearances) ou absconses (*I will explore how the author leads his [sic] characters to an epiphany in modernity). Face aux difficultés que rencontrent les candidats à formuler leur problématique, tant sur le plan du contenu que sur celui de la forme, on reprendra ci-dessous quelques exemples de problématique réussie :

The overall impression of a "baroque" life, highlighted by the description of Chacko's room, is mirrored by this unusual, mismatched couple  - a fascinating and somehow lunatic scholar and a devoted and plain waitress - whose reasons for loving each other are as distorted and strange as Chacko's way of life. How is this text - mirroring the odd couple formed by Margaret K. and Chacko - tinged with a baroque and hybrid form of writing?

Torn between realism and fantastic images, between union and dislocation, the passage offers a reflection on two different worlds that are opposed, England and India.

To what extent does the text encapsulate a series of tensions leading to a final union?

How does this scene subvert the traditional love romance?

Set in a post-colonial world, Roy's depiction of Margaret and Chacko's relationship brings to the fore the question of identity: how does this unusual relationship reveal a desperate quest for identity and a search for the self?

Les meilleures copies ont su articuler plusieurs niveaux de lecture, organisés autour d'une problématique bien formulée et d'un plan dynamique ; les références contextuelles n'étaient pas plaquées, les micro-lectures étaient pertinentes et astucieuses. Dans ces copies, la charge poétique des métaphores a été relevée (books cascading down, a rocking chair was murdered in the moonlight) et reliée au réalisme magique, tandis que l'oralité du texte, l'écriture poétique, la matérialité du texte ont été analysées (rythme, ponctuation, syntaxe, sonorités) et reliées à la question de la colonisation.

Langue

le jury a noté d'excellentes copies écrites dans une langue riche et fluide. Des erreurs persistent néanmoins dans une majorité de commentaires ; nous encourageons donc les candidats à les corriger durant l'année : - il faut veiller à s'exprimer dans une langue universitaire qui évite toute forme de familiarité : le commentaire n'est pas un exercice de présentation orale, l'on évitera donc les formules du type, First of all let's talk about..., ou un registre relâché, Chacko is a *guy; *love stuff. - sur le plan lexical, les candidats doivent revoir le vocabulaire de l'analyse littéraire, et par ailleurs éviter les erreurs récurrentes suivantes : *Strengthness ; *portrayal (# portrait); *attractiveness (# attraction); the *rework of themes; the *Orient; *evocate ; *concentrate; *to considerate; *intimity; a *boy (pour parler de Chacko); *a topoi; *metaphora; *a fairy tail ; *exotism ; *erotism ; *a debunkal; *writting. - sur le plan grammatical, les candidats doivent revoir l'utilisation du style indirect libre (voir le rapport précédent), la distinction entre which / who / whose ; l'utilisation des articles (*the Arhundati Roy novel; *the both characters) ; l'utilisation des majuscules sur les noms et adjectifs de nationalité (English, India) ; les accords ; les « s » à la troisième personne ; les participes passés, pour ne citer que quelques exemples. Concernant la présentation, on rappelle que les titres d'ouvrages doivent être soulignés, et l'on encourage les candidats à soigner la présentation en proposant une copie aérée, où les parties et les transitions apparaissent distinctement.

Rapport ENS 2015

Trop de candidats ont parfois proposé des introductions fort séduisantes, qui soulignaient la valeur initiatique du voyage de Jean, ou bien le paradoxe entre son désir de se défaire des mots et le texte lui-même, qui nous offre non pas une, mais deux descriptions du Grand Canyon ; toutefois ; ils se sont ensuite malheureusement contentés dans leur développement d'une longue paraphrase, généralement organisée de la façon suivante: 1. Jean experiences paradoxical feelings 2. The failure of language: words are unsatisfactory and cannot accurately describe the landscape 3. Jean has a religious experience. Souligner la faillite du langage n'est pas un commentaire sur le texte puisque Jean exprime elle-même son insatisfaction : «Jean was fed up with words», l. 23. Le commentaire doit expliquer quelles stratégies narratives, stylistiques et rhétoriques sont mises en œuvre pour exprimer telle idée : les candidats qui ont du mal à éviter la paraphrase doivent garder en tête que l'exercice du commentaire répond à deux questions qui vont de pair et qui sont « comment ? » et « pourquoi ? ». L'absence de toute analyse stylistique, rhétorique, structurelle, pragmatique, condamne le « commentaire » à une approche seulement thématique (la religion au XXe siècle). Les remarques formelles ne suffisent pas pour autant : le relevé des couleurs sans analyse, le simple repérage des champs lexicaux, des allitérations ou du rythme qui ne seraient pas reliés fermement à la problématique (« There is the lexical field of religion » ; « There are many colours... ») ne permettent qu'une étude très partielle du texte, largement insuffisante car seulement descriptive. Ainsi souligner la présence d'un champ lexical lié aux éléments naturels (the north rim ; the south rim ; the edge ; the mountains opposite ; the snowline ; the mountain crests) n'apporte strictement rien, sinon de répéter que le texte propose une description de paysage : il n'est donc guère étonnant de rencontrer cette succession de termes qui soulignent la nature montagneuse de ce décor. En revanche, le commentaire commence lorsque l'on note qu'en dépit de ce champ sémantique clairement identifié, des éléments surprenants s'insèrent dans une description qu'on aurait volontiers qualifiée de classique de prime abord, comme l'image du poisson : évocation d'abord subliminale à travers l'idée du panorama («the extravagant fish-eye view »), le poisson se matérialise à la fin du texte lorsque l'avion touristique devient brutalement, à la faveur d'une apposition finale, « a monstrous flying fish » (l.57). De la même façon, de nombreux candidats ont noté la personnification du soleil dans la première partie, (« the sun ... had thrown a firm-wristed sweep of orange », l. 15), celle des montagnes dans la seconde partie (« The mountain crests, their soirée of orange glory gone, had become sombre and distant in their morning dress », l. 50). Ce constat est vain s'il n'est pas suivi d'une interprétation: le commentaire demande une analyse critique du texte et non un simple repérage des procédés rhétoriques mis en œuvre. Dans le cas présent, il convient de s'interroger sur ces deux exemples de personnification : relèvent-ils de la même stratégie ? Quel est leur effet sur le lecteur ? Enrichissent-ils la description, permettent-ils de combler l'insuffisance du langage ou la personnification relève-t-elle au contraire du cliché ? Une fois bien compris les enjeux du commentaire, à savoir présenter une analyse critique et interprétative, les candidats doivent soigner leur argumentation afin de proposer une démonstration convaincante, organisée en deux ou trois parties. Il importe alors de s'interroger sur ce qui fait la spécificité du texte sans chercher à reproduire une problématique « type ». Trop de copies se sont contentées d'un plan binaire schématique, qui examinait les contradictions du texte («I. An unusual landscape ») pour ensuite s'interroger sur la psychologie de Jean ou la question de l'identité («II. The American Space and Identity Formation »). La dimension littéraire, esthétique et ironique du texte était complètement évacuée et il était difficile d'éviter les platitudes («Jean needs to be alone to find who she truly is »). Un certain nombre de candidats a ainsi forcé la lecture du texte pour lui trouver une fin heureuse, arguant que grâce au Grand Canyon, Jean avait maintenant trouvé un sens à sa vie. Aucun élément ne justifiait cette lecture, l'image finale monstrueuse («a monstrous flying fish ») offrant même une chute drôle mais aussi quelque peu inquiétante. S'il n'est a priori jamais inutile de replacer un texte dans son contexte, les développements sur le contexte de guerre froide, sur la politique libérale de Margaret Thatcher, voire sur l'ordre d'Orange, n'étaient dans ce cas pas justifiés et relevaient d'une stratégie de remplissage. Les correcteurs, faut-il le rappeler, ne notent pas à la quantité. Quelques commentaires linéaires ont été proposés : aucun n'a réussi à mettre en avant une vraie problématique et l'analyse est restée très superficielle et descriptive. Comme il a déjà été dit dans les précédents rapports, il s'agit le plus souvent d'un choix par défaut qui n'est pas du tout adapté tant qu'on ne maîtrise pas l'exercice du commentaire. Il faut rappeler les vertus d'une introduction claire et dynamique : une accroche permet de capter l'attention du correcteur et de personnaliser le propos; une rapide présentation de l'auteur et du texte s'ensuit (sans placage de connaissances), avec éventuellement un rappel problématisé de la structure du texte, qui amène ensuite à la problématique. Celle-ci ne sera pas plus intéressante si elle est se compose d'une dizaine de phrases à rallonge ; elle doit être au contraire énoncée clairement, avant d'annoncer de façon tout aussi claire, le plan. Les deux ou trois parties qui compose ensuite le devoir sont clairement identifiables grâce à 1) une disposition aérée sur la page, et 2) des transitions qui résument la progression de l'argumentation.

Langue

Le jury a lu avec beaucoup de plaisir des copies subtiles et lumineuses, rédigées dans un anglais de belle tenue. Dans une majorité de copies, il reste cependant des fautes sérieuses à déplorer. Nous avons relevé de façon répétée des confusions grammaticales : entre « like » et « as » ; entre les pronoms possessifs (« his, her, its ») ; entre « rise, raise, arise »; entre « live » et « leave », entre « a loss » et « to be lost ». Nous recommandons aux candidats de faire un effort particulier sur le mode interrogatif et le discours indirect : trop de copies peinent à formuler leur problématique dans une syntaxe correcte ; au lieu de « *We will examine how does Barnes explore the theme of the ineffable », il faut dire « we will examine how Barnes explores this theme ». Il faut également se garder de faire des inversions sur le modèle du français (« *as says Jean » > « as Jean says »), qui conduisent souvent à des aberrations (« *a novel that wrote Barnes in 1986 »). Il faut faire un sérieux effort sur les accords(« *there is several elements... »), sur le « s » à la troisième personne, sur les participes passés trop souvent ignorés (« *the landscape is show ; *the text is structure into »). Le temps de l'analyse est le présent, non le passé : « when Jean sees the Canyon for the first time », et non « *when she saw it». Les articles ne sont pas bien maîtrisés et doivent être revus plus systématiquement : « religion,  nature,  society,  art,  philosophy »; mais « the United States, the landscape ; the Canyon, the mind, the soul, the culture, the writing ». Les majuscules sont particulièrement malmenées : elles sont pour certains candidats facultatives en début de phrase, tandis que d'autres (ou les mêmes) les emploient au gré de leur fantaisie, pour souligner peut-être quelque mot important dans la phrase. Et très peu semblent connaître leur usage en anglais : les noms et adjectifs de nationalité (« a British tourist, the American landscape, an Englishwoman ») ainsi que tous les termes dérivés de noms propres (« a Francophile, Cartesian dualism, a Christian perspective ») prennent une majuscule. Il faut s'efforcer tout au long de l'année d'enrichir son vocabulaireafin d'éviter les gallicismes : « *in a first time » ; « *to make the apology » ; « *a rupture » ; « *to rely », au lieu de « to link, to bring together, to draw a connection between » ; « *to resume » au lieu de « to sum up, to summarize the argument » ; « *we constatate » ou « *we assist at », au lieu de « we note, we may observe » ; « *deception », au lieu de « disappointment » ; « *preciseness » au lieu de « accuracy » ; « *to traduce » au lieu de « to convey, to suggest ». L'orthographe des mots suivants, des plus communs, devrait être connue : « making sense of », « a writer who has written », « Britain », « beginning ».


Frédéric Chevalier
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