Rapport de l ENS (2015)



Comme dans les rapports précédents, il nous semble nécessaire de revenir sur le besoin impératif de maîtriser le format de l'épreuve. Sans ce cadre méthodologique, qui doit devenir un automatisme, les candidats ne peuvent gérer le temps limité (une heure) dont ils disposent pour leur préparation, ce qui a souvent des conséquences négatives sur leur prestation (exposé de 20 minutes, suivi d'un entretien de 10 minutes) et, partant, sur leur résultat final.On distingue trois phases clés au cours de l'épreuve.

1- L'introduction et la synthèse

Cette première étape est la plus brève. Le jury conseille aux candidats d'y consacrer entre 6 et 8 minutes (jamais plus de 8 minutes dans tous les cas), afin de pouvoir consacrer au commentaire qui suit entre 12 et 14 minutes, durée nécessaire pour présenter une réflexion aboutie. Le jury encourage les candidats à amorcer cette introduction par un élément thématique ou historique, plutôt que par des éléments descriptifs qui ne renseignent pas sur la problématique du texte, comme «This text is about » ou «This text was published in... ». Le candidat doit ensuite décrire la source du texte qu'il a tiré au sort. Cela implique d'évoquer le titre du texte bien sûr, ainsi que son auteur (attention à ne pas confondre les auteurs féminins et masculins, en se trompant sur le genre du prénom). Il faut aussi donner des informations sur le quotidien, le magazine ou le site dont est extrait le texte : la liste des médias utilisés par le jury varie peu d'année en année, aussi nous conseillons aux candidats de préparer une petite fiche pour les plus connus d'entre eux, afin de pouvoir situer sans mal leur ancrage idéologique éventuel (cela peut concerner par exemple la longue liste d'organes de presse que possède Rupert Murdoch, tant au Royaume Uni qu'aux États-Unis). Le jury attend également que la nature du texte soit clairement posée et il sanctionne par conséquent les candidats qui ne feraient pas la différence entre un article d'information et un éditorial, erreur qui peut mener à de graves contresens : présenter un texte comme « a political article of opinion » ne veut rien dire, tandis que présenter une personnalité extérieure à la rédaction invitée à publier un op-ed dans un journal comme un journaliste est une erreur. Ainsi une contribution (« op-ed ») mal identifiée d'un ancien conseiller de Gordon Brown a conduit à des explications alambiquées : « He is a staff member, but he is committed because he is a political advisor ». Une fois la source et la nature du texte bien identifiées, le candidat doit analyser le contexte dans lequel l'article a été publié. Ceci ne peut évidemment pas être réussi si le candidat n'a pas, tout au long de l'année, suivi les grands événements de l'actualité britannique et américaine. Le jury sait quelle est la charge de travail des candidats pendant l'année, et n'attend pas une connaissance exacte de toutes les arcanes de l'actualité. Il exige par contre que les candidats puissent identifier les moments-clé de l'année écoulée, à savoir, lors de cette session: les résultats du référendum écossais (qui selon certains candidats aurait abouti à la victoire du oui !), les résultats des législatives britanniques et des élections de mi-mandat (midterms) aux Etats-Unis (qu'Obama aurait remportées selon un autre candidat), les tensions raciales aux États-Unis, le débat autour du Brexit, les performances économiques du Royaume Uni et des États-Unis, le débat autour du mariage homosexuel, etc. Le candidat doit ensuite passer à la synthèse de l'article. Pour utiliser au mieux le temps imparti, il n'est pas nécessaire d'annoncer au jury le plan de cette synthèse, ce qui peut amener à des confusions entre plan de la synthèse et plan du commentaire. Dans cette synthèse, le candidat se fonde sur tous les éléments déjà donnés (source, contexte) pour résumer la manière dont le texte présente son sujet. Pour bien montrer au jury que le candidat a bien compris de quoi il s'agit, il ne faut pas hésiter à décrire tous les enjeux de l'article: pour prendre un exemple, celui d'un article sur les restrictions nouvellement imposées en Alabama à l'encontre des mineures ayant besoin d'une IVG, ne pas dire une seule fois qu'exiger le consentement des deux parents implique que certaines jeunes filles violées par leur père devront demander l'accord de ce dernier avant d'avorter (alors que l'article mentionnait plusieurs fois les violences familiales) constitue un très grave oubli. Ne pas inclure dans la synthèse des pans entiers de l'article ne peut ensuite qu'amener à un commentaire incomplet. Une bonne façon de faire un résumé complet du texte et de mettre en relief tous ses enjeux ainsi que sa logique argumentative est d'opter pour une synthèse thématique et analytique plutôt que linéaire. Une approche linéaire amène le plus souvent à donner trop de détails, à citer de manière excessive, à paraphraser sans comprendre les enjeux du texte, et, finalement, à passer à côté de l'essentiel − en dépassant qui plus est le temps 'idéal' de 5 minutes qu'il faut consacrer à cette partie de l'épreuve. D'où certains cas où les candidats ont utilisé jusqu'à une dizaine de minutes pour présenter leur synthèse, ce qui a diminué d'autant leur commentaire et a été fortement sanctionné par les examinateurs. À l'inverse, les synthèses qui ne durent que 2 ou 3 minutes (cas rares certes, mais qu'il faut mentionner aussi) ne peuvent aboutir qu'à une appréhension très partielle de l'article. Ce début d'épreuve est souvent le moment choisi par le candidat pour procéder à la lecture d'un passage du texte (entre 5 et 10 lignes), obligatoire. Dans la plupart des cas, le candidat lit soit entre l'introduction et la synthèse, soit à la fin de la synthèse. Il n'y a pas de règle à ce sujet, comme nous le rappelons chaque année. Le candidat peut aussi placer sa lecture à n'importe quel moment de sa prestation. L'important est que le passage soit choisi de manière pertinente (un passage clé qui résume à lui tout seul l'évènement décrit par l'article ou le positionnement idéologique d'un éditorial et annonce ainsi la problématique du commentaire à suivre) et, surtout, que la lecture ne soit pas oubliée. Dans le stress de l'épreuve, c'est parfois le cas, et le jury n'a alors pas d'autre choix que de sanctionner cette erreur méthodologique. Là encore, c'est l'entraînement régulier tout au long de l'année et le développement d'automatismes qui permettent d'éviter cet écueil.

2- Le commentaire

Une fois la synthèse achevée, le candidat doit annoncer la problématique et le plan de son commentaire (qui peut comporter deux ou trois 3 parties). Une des clés pour poser une problématique pertinente est d'éviter les tournures vagues qui peuvent s'appliquer à n'importe quel thème (« Why is it an important phenomenon? », «what is the author's opinion? ») et de toujours opter pour des phrases précises, ancrées dans la thématique du texte et n'aboutissant pas à une réponse soit affirmative, soit négative: « What does Prince Charles's letter reveal about the role of the monarchy in contemporary Britain? », « Why do American conservatives find it so hard to understand Caitlyn Jenner's sudden popularity? », « How did the Left react in the United States after the Democratic defeat in the November 2014 midterms? », etc. Comme ces exemples le montrent, le but du commentaire est de replacer les faits ou les thèmes décrits dans la synthèse dans un contexte politique/historique/idéologique/culturel plus large, bref, dans un contexte civilisationnel. Ceci ne peut être fait correctement si le candidat, par manque de culture civilisationnelle, ne parvient pas à répondre à la question: « à quel débat fondamental (au Royaume Uni ou aux Etats-Unis) ce texte se rattache-t-il? ». Une remarque aussi sur l'annonce du plan: c'est un moment essentiel de l'épreuve. Pour que le jury puisse bien le prendre en note, le plan doit être annoncé de manière très lente : le candidat doit regarder le jury et attendre qu'il ait terminé d'écrire le titre de la première partie avant de donner le titre de la deuxième, etc. De plus, le plan annoncé doit être respecté : lors de certaines prestations, les deuxième et troisième parties du commentaire ne correspondaient finalement pas au plan initial, ou bien la transition entre deux parties était tellement floue que le jury découvre qu'il s'agit de la dernière partie seulement quand le candidat commence sa conclusion. Il faut donc apporter la plus grande rigueur à la construction du propos, sous peine là encore d'une forte sanction. Le commentaire permet d'apporter une réponse claire à la question posée dans la problématique (et sur laquelle il faut bien sûr revenir en conclusion). Cela passe en particulier par un cheminement argumentatif entre les grandes parties, qui s'articulent de manière logique. Cela peut poser problème quand le thème de l'article inspire peu le candidat. Dans ce cas, ce dernier évacue souvent le texte dans ses deux premières parties et consacre une dernière partie très large à un sujet qu'il maîtrise (la société de consommation, la guerre en Irak...) mais qui n'a qu'un rapport très lointain avec le texte. On bascule alors dans le hors-sujet et la récitation de cours, ce qui est pénalisé. De même, le jury regrette les cas où les dernières parties prennent un ton hostile, voire accusateur, où le candidat, d'un ton très péremptoire, fait la leçon au journaliste ou aux personnes décrites dans l'article: nous déconseillons fortement, par exemple, d'intituler une dernière partie « American political leaders do not understand their own political system » (à propos des tensions entre Obama et le Congrès républicain sur l'immigration) ou bien « this text should not use humour to discuss constitutional problems » (dans un article en fait extrêmement bien versé dans la science politique où le journaliste utilisait une phrase ironique du duc de Wellington dans son introduction). Il convient de distinguer les jugements de valeur, qui n'ont pas leur place dans l'épreuve, des commentaires critiques informés et justifiés.Le candidat doit avoir en tête que si la synthèse permet de faire émerger le point de vue de l'article ainsi que la stratégie que l'auteur emploie pour l'exprimer, le commentaire quant à lui permet de comparer ce point de vue avec d'autres possibles sur le sujet, et ce à l'aune de ses propres connaissances. Le commentaire vient d'une certaine façon s'insérer dans un débat plus large qui tente d'étudier des facettes de la thématique ou d'explorer des pistes de réflexion que l'article choisit de mettre de côté ou contre lesquelles il se positionne.

3- L'entretien de 10 minutes

La présentation du candidat est suivie d'un entretien de 10 minutes avec les deux membres du jury. Il nous paraît très important de souligner l'objectif de cet entretien: il ne vise pas à piéger le candidat, à lui poser des questions difficiles ou à le déstabiliser. Au contraire, il s'agit d'utiliser les remarques du candidat dans sa synthèse et son commentaire pour essayer de le faire avancer dans l'analyse, pour discuter de points de vue différents de ceux abordés dans l'article ou pour corriger des remarques erronées. En d'autres termes, l'entretien ne peut qu'aider le candidat. Pour qu'il soit fructueux, le candidat doit « jouer le jeu » et appréhender cet entretien comme un véritable moment d'échange. Cela implique de communiquer réellement avec le jury, de le regarder, d'écouter attentivement ses questions et d'y répondre, quitte à prendre un peu de temps pour réfléchir (en disant par exemple « I understand your question, let me think about it... »), ce que le jury acceptera volontiers. Les questions du jury peuvent amener le candidat à se rendre compte que l'une de ses remarques antérieures était erronée. Dans ce cas, il ne faut surtout pas réagir de manière défaitiste: mieux vaut faire preuve de souplesse et de rapidité intellectuelles et corriger une remarque (en disant, par exemple, « I realize I was wrong previously, let me rephrase... » ou « I made a mistake, it would be more relevant to say that... »), ce que le jury bonifiera dans sa note, plutôt que répéter une erreur, ce que le jury sanctionnera. Les candidats qui savent ainsi profiter des questions et remarques du jury pour approfondir leur réflexion et aboutir à des conclusions fines et pertinentes ont en conséquence obtenu de bonnes, voire de très bonnes notes. Les éléments fondamentaux d'un oral réussi sont : -des allers-retours constants entre le commentaire et le texte : Afin d'éviter le piège du hors-sujet, le candidat ne doit jamais perdre le texte de vue. Si le texte est bien sûr l'élément central de la synthèse, il faut aussi constamment y revenir lors du commentaire. Toutes les références historiques et culturelles plus larges que le candidat est invité à mobiliser dans le commentaire ne peuvent être pertinentes que si elles ont un lien explicite (par le biais d'une citation par exemple) avec le texte : comment les faits ou les propos mentionnés dans le texte illustrent-ils de grands débats historiques ou politiques aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne ? À quels autres événements ou moments marquants de l'histoire britannique ou américaine le texte peut-il faire penser ? A contrario, comment offrent-ils une perspective originale et inattendue ? -une bonne gestion du temps : Cette année, le jury a particulièrement apprécié le fait que la grande majorité des candidats ont bien utilisé les 20 minutes de passage dont ils disposent. Cet élément est capital ; ne pas utiliser la totalité des 20 minutes permet rarement de présenter un travail complet et pertinent. Il faut donc voir ce laps de temps comme une chance, et non comme une contrainte. Il est très positif de voir que ce message, souvent répété dans les rapports précédents, semble avoir été entendu. -la maîtrise des connaissances civilisationnelles : Le jury souhaite de nouveau insister sur le fait que cette épreuve ne peut s'improviser. Ce n'est pas parce que le candidat dispose d'un texte comme support qu'il peut s'en contenter pour faire une bonne prestation. Les articles choisis par le jury ne peuvent être compris sans de très solides connaissances civilisationnelles, que les candidats doivent maîtriser : nous les encourageons donc à travailler tout au long de l'année, et pas seulement entre les écrits et les oraux.Comme les textes choisis lors de la session 2015 le confirment, il s'agit d'une épreuve très politique : les thèmes politiques (élections, débats d'idées, impact du sociétal et du culturel sur les partis politiques etc.) prédominent largement. Afin de faciliter ce travail d'acquisition des connaissances, il est possible de tirer des sujets les points principaux que le jury considère comme devant être maîtrisés pour réussir l'épreuve, et qui permettront d'identifier très vite la problématique des textes, de cibler leurs repérages et de décrire les grands débats contemporains : -l'histoire politique du Royaume-Uni et des États-Unis: il s'agit ici de maîtriser en particulier l'évolution des institutions des deux pays (la monarchie parlementaire britannique, les trois branches du gouvernement américain et leur fonction respective, la différence entre l'Etat fédéral et les états américains), ainsi que l'histoire de leurs partis politiques et de leurs évolutions idéologiques (les confusions entre le Labour Party et le Conservative Party ne sont pas acceptables par exemple, de même que l'ignorance de la problématique federal government/ States' Rights aux Etats-Unis). -Les grandes orientations idéologiques des mouvements et partis politiques : les différentes formes du libéralisme outre-Manche et outre-Atlantique et leurs rapports avec le conservatisme, la social-démocratie et le welfare state britannique, les partis populistes (Tea Party aux Etats-Unis et UKIP au Royaume-Uni), les mouvements indépendantistes écossais, gallois ou irlandais. l'histoire raciale du Royaume-Uni et des Etats-Unis : le passé colonial du Royaume-Uni doit être connu, ainsi que le débat sur le multiculturalisme aujourd'hui (les principaux noms des acteurs de ces débats doivent pouvoir être identifiés). Du côté américain, on attend en particulier une bonne culture générale sur l'histoire des Africains-Américains, de la période esclavagiste à nos jours. -l'actualité électorale du Royaume-Uni et des Etats-Unis -les fondamentaux de la culture religieuse du Royaume-Uni et des États-Unis : il ne s'agit pas bien sûr d'être un expert de la culture biblique, mais il est inquiétant de voir que, après deux années de classe préparatoire, tant de candidats ignorent encore la différence entre catholicisme et protestantisme (d'où des erreurs sur le fait que les Pères Fondateurs américains eussent été catholiques, tout comme Barack Obama..). Le mouvement évangélique a une telle importance politique aux Etats-Unis qu'on ne peut faire l'économie de connaître ses caractéristiques idéologiques globales pour comprendre le programme républicain. De même, la connaissance du 1er Amendement du Bill of Rights est indispensable afin d'éviter des développements incorrects sur la nature théocratique du gouvernement américain. -Certains candidats utilisent des termes sans toujours en maîtriser la signification, ce qui peut amener à des erreurs. Pour les éviter, mieux vaut travailler sur leur définition en cours d'année. Quelques exemples : Keynesianism, paleoconservatives, neoconservatives, populism, nationalism, libertarianism, nativism, States' Rights, liberalism (en faisant bien attention à la distinction de la signification de ce terme entre les États-Unis et l'Europe, point déjà abordé dans plusieurs rapports précédents). Pour se familiariser avec ces connaissances, ces noms, ce vocabulaire, le jury invite les candidats, comme chaque année, à lire la presse britannique et américaine, ce qui se fait facilement en ligne, ainsi qu'à se plonger dans les références données dans la bibliographie ci-dessous. De telles bases enrichiront la culture des candidats qui seront appelés à continuer à suivre des cours de civilisation dans leur parcours d'angliciste.Enfin, point essentiel dans chaque rapport, les candidats sont aussi évalués sur la maîtrise de l'anglais, à la fois sur la compréhension écrite, qui leur permet de maîtriser les nuances du texte, et sur leur expression orale, sur les plans lexicaux, grammaticaux et phonologiques. Le jury apprécie tout particulièrement qu'un candidat corrige immédiatement une erreur qu'il vient de prononcer. Voici une liste des mots usuels qui ont été souvent mal prononcés par les candidats, à la grande surprise des membres du jury : « focus », « country », « process », « problem », « system », « health », « law », « foreign », « promise » (diphtongué, de même que « division », « image », « message »), « allow », « divisive », « scheme », « tone », « doom », « emphasize » (confondu avec « emphasis »), « according », « reform », « veto », « Senate », « council », « result », « against », « model », « great », « advantage », « data » ; attention également à la confusion répandue entre « i » longs et courts (« still », « will », « live »...).D'autres mots suscitent chez les candidats de fréquentes erreurs de déplacements d'accent tonique. Nous conseillons vivement aux futurs candidats de s'entraîner à leur prononciation. Quelques exemples: « opponents », « unique », « majority », « pragmatic », « program », « considered », « policy », « nationalism », « representative », « conservative », « develop«, « menace«, « interesting », « difficult », « positive », « commercial », «correspond », « agenda », « liberalism », « meritocracy ». Attention également aux noms propres incontournables, parfois mal prononcés : Barack Obama, David Cameron, John Boehner, Abraham Lincoln, Queen Elizabeth II, Britain, Europe, les noms d'états américains, Westminster...Sur le plan grammatical, nombreux sont les oublis de « -s » à la 3ème personne du singulier ; les erreurs sur les nombres (« *twenty-one century », « *Queen Elizabeth One, « *three thousands ») ; sur les articles (confusion entre « the » et l'article Ø sur des termes tels que « the US », « the UK », « American society », « Prince Charles »...). Il faut également corriger les confusions suivantes : entre « economic » et « economical », « Democrat » (le nom) et « Democratic» (l'adjectif), «policy » et « politics » (qui devient parfois « *politic »), « voters » et « electors » ; des -S oubliés ou parasites (« *the United State », « one of the country », « womens »). Ces listes d'erreurs et ces nombreux conseils ne doivent pas donner l'impression que l'épreuve est impossible à réussir. Les membres du jury souhaitent au contraire souligner qu'ils ont entendu avec beaucoup de plaisir de nombreuses prestations de grande qualité, qui ont su allier rigueur méthodologique, connaissances pertinentes et précises, maîtrise de l'actualité britannique et américaine, et anglais de très haut niveau. Ces candidats ont souvent gagné des points lors d'entretiens fructueux où ils ont eu l'humilité, la réactivité et l'intelligence d'échanger avec le jury et de profiter de ses questions pour améliorer leur réflexion initiale. Des qualités nées d'un travail et d'entraînements réguliers tout au long de l'année.

Exemple :

https://www.economist.com/britain/2019/05/18/the-return-of-mr-brexit-nigel-farage

Introduction:

(Le jury encourage les candidats à amorcer cette introduction par un élément thématique ou historique) In his 1701 poem "The True Born Englishman", Daniel Defoe defended the then King of England William, who was Dutch-born, against the xenophobic attacks of his political enemies, and defined Englishness as "a mixture of all kinds began [...]Betwixt a painted Britain and a Scot." In so doing, Defoe ridiculed the notion of English racial purity, throwing into relief how multicultural the English society already was back then. This has been at the crux of the matter in the Brexit debates since the 2016 referendum under Prime Minister David Cameron. (Le candidat doit ensuite décrire la source du texte. Cela implique d'évoquer le titre du texte bien sûr, ainsi que son auteur. Il faut aussi donner des informations sur le quotidien, le magazine ou le site dont est extrait le texte. Le jury attend également que la nature du texte soit clairement posée). This issue is somehow tackled in this opinion column entitled "The Return of Mr Brexit, Nigel Farage" come out in The Economist. Supporting the liberal democrats as " they are the only choice for anyone who rejects both the hard Brexit of the Conservatives and the hard-left plans of Labour", the newspaper ironically comments on the political come-back of Nigel Farage, the right-wing British politician, whom the columnist Bagehot (Adrian Woolddridge) regards as the epitome of Brexit.(Une fois la source et la nature du texte bien identifiées, le candidat doit analyser le contexte dans lequel l'article a été publié). When this article was published on May 18th, 2019, the Brexit party, whose priority was to withdraw from the EU even without any deal, had just been created and was running for the 2019 European Parliament election in the UK. (Le candidat doit ensuite passer à la synthèse de l'article. Pour utiliser au mieux le temps imparti, il n'est pas nécessaire d'annoncer au jury le plan de cette synthèse) Bagehot's column hinges round two axes: first the character of Farage himself with an ironical crash course history of his political career, then the global context, which enabled Farage to take advantage of the socio-political instability and to jeopardize the notion of inclusive Britishness.

Synthèse:

(Dans cette synthèse, le candidat se fonde sur tous les éléments déjà donnés (source, contexte) pour résumer la manière dont le texte présente son sujet. Ne pas inclure dans la synthèse des pans entiers de l'article ne peut ensuite qu'amener à un commentaire incomplet. Une bonne façon de faire un résumé complet du texte et de mettre en relief tous ses enjeux ainsi que sa logique argumentative est d'opter pour une synthèse thématique et analytique plutôt que linéaire)

I) First, showcasing Mr Brexit and briefly telling his political career...

1) Crash course history of Farage's career: no prior political background, mushroom-politician (=appeared very unexpectedly, out of nowhere), apparently unfit for political positions due to lack of experience (never held a seat in the House of Commons, never won a seat in Parliament, etc.) and yet, has become a central character in Brexit (he is said to have "changed the course of British history"; l.5) and in the British political landscape ("turning the obscure UKIP into a powerful electoral machine"; l.6).

2) Mr.Brexit, an epitome of British exclusive identity: ("this English figure"; l.15) full portrait of Nigel Farage as "very British" (l.10), strong use of symbols such as him being a "pub-philosopher" (reference to English pubs = tradition), "wearing pinstripe suits" (l.11), "with a pint of ale" (l.12), and numerous references to nostalgia (=epitomy of Britishness): the second world war, D-Day...

II) ...Then, explaining how the global context led to Farage's increase in authority and to a progressive depletion in the hope for an inclusive British identity

1) Two global forces, "eroding the foundations of the liberal order" (l.15): nationalism (=there are more and more nationalist governments all around the world, e.g. America) and resentment (=hatred and jealousy from the masses towards so-called "remote elites" who have been benefiting from globalization and getting richer and richer), explained in the text as two major forces that promote exclusiveness and revolts (=shifts in politics)

2) Farage's use of these global forces, cutting his place in global politics: Farage's actions are not restricted to the British territory, he leads a global approach and is cultivating "deep connections with right-wing populists across Europe" (l.18) + "first British politician to visit Donald Trump" (l.19) > building ties and relationships with other populists and right-wing parties, politicians, etc.

3) Announcing a shift in global politics?: Farage's success, although he might remain successful only to the masses and not to the political elites (so to speak), announces a shift in politics: from compromise (and democracy), to less and less discussion and more troubled times ("fiery populism"; l.41)

Dans la plupart des cas, le candidat lit (entre 5 et 10 lignes) soit entre l'introduction et la synthèse, soit à la fin de la synthèse. Il n'y a pas de règle à ce sujet, comme nous le rappelons chaque année. Le candidat peut aussi placer sa lecture à n'importe quel moment de sa prestation. L'important est que le passage soit choisi de manière pertinente (un passage clé qui résume à lui tout seul l'évènement décrit par l'article ou le positionnement idéologique d'un éditorial et annonce ainsi la problématique du commentaire à suivre)

COMPULSORY reading from from line 35 to line 42" Mr Farage has woven (...) fiery populism"

Le jury conseille aux candidats de consacrer entre 6 et 8 minutes (jamais plus de 8 minutes dans tous les cas) à l'introduction+synthèse.

Transition: The article's juxtaposition of the depiction of Nigel Farage as Mr. Brexit and the description of how he took advantage of socio-political instabilities to promote populism DOES bring into light the tensions between the political sphere and the questions of nationalism. ( Une fois la synthèse achevée, le candidat doit annoncer la problématique et le plan de son commentaire (qui peut comporter deux ou trois 3 parties). Une des clés pour poser une problématique pertinente est d'éviter les tournures vagues qui peuvent s'appliquer à n'importe quel thème, et de toujours opter pour des phrases précises, ancrées dans la thématique du texte et n'aboutissant pas à une réponse soit affirmative, soit négative) The article therefore builds a constructive criticism of Nigel Farage's 'unethical' use of nationality in order to deform ideas and manipulate voters. We could thus ponder on the intricate relationships between politics and nationalism, and start a reflection upon the very notions of Englishness and Britishness for that matter. (Le but du commentaire est de replacer les faits ou les thèmes décrits dans la synthèse dans un contexte politique/historique/idéologique/culturel plus large, bref, dans un contexte civilisationnel. Ceci ne peut être fait correctement si le candidat, par manque de culture civilisationnelle, ne parvient pas à répondre à la question: « à quel débat fondamental (au Royaume Uni ou aux Etats-Unis) ce texte se rattache-t-il? ».)

(Pour que le jury puisse bien le prendre en note, le plan doit être annoncé de manière très lente : le candidat doit regarder le jury et attendre qu'il ait terminé d'écrire le titre de la première partie avant de donner le titre de la deuxième, etc.)

I will now comment on these ideas, first by comparing Farage's "new sort of politics" (l.38) to Plato and Aristotle's conceptions of politics. Then, I will raise the issue of instrumentalizing "nationalism" (l.23) in order to build a political fiction. Eventually, I'll discuss whether Farage's stance on questions of identity can be taken as a definition of Britishness, or if his exclusive definition of it belongs to the past.

(Le commentaire permet d'apporter une réponse claire à la question posée dans la problématique (et sur laquelle il faut bien sûr revenir en conclusion). Cela passe en particulier par un cheminement argumentatif entre les grandes parties, qui s'articulent de manière logique.)

Il convient de distinguer les jugements de valeur, qui n'ont pas leur place dans l'épreuve, des commentaires critiques informés et justifiés. Le commentiare permet de comparer le point de vue de l'article avec d'autres possibles sur le sujet, et ce à l'aune de ses propres connaissances. Si le texte est bien sûr l'élément central de la synthèse, il faut aussi constamment y revenir lors du commentaire. Construisez votre commentaire à partir de citations de l'article.

Commentaire:

I) Identifying Farage with Aristotle's definition of politics (to a certain extent)

"new sort of politics, which puts the will of the people before the judgement of MPs, and which emphasizes questions of identity rather than technocratic problem-solving" (l.38) = rejection of Plato's theory of a philosopher-king, that is a political power left to those who know: politics are a knowledge (//"technocratic problem-sovling") that can only be put to use by those who have it therefore, the ones that should rule are the ones who know, and have this knowledge to rule well (described in The Republic). On the contrary, Aristotle (in his Politics) describes the political power as something that can only emanate from the people's traditions and be applied in accordance with their cultural identity. > There is, hence, a question of identity, inherent to the political sphere.

II) Building a political fiction: Farage's "narrative" (l.35)

//Benedict Anderson's Imagined Communities. Nigel Farage -much like any politician, especially right-winged ones- relies heavily on the concept of "nationalism" (l.23). This concept is wrought by Anderson around the concept of community: this is all persuasive much more than convincing. Farage appeals to values, nostalgia, qualities and distinctive traits of Britishness in order to persuade (rather than convince) and turn himself into this influencial Mr. Brexit. This is all fiction. E.g.: the BREXIT debate was distorted by "Ukip Propaganda", which made it a debate on immigration. But this is no new debate. DEFOE criticized the idea of exclusive Englishness, symbolized by the idea of pure English blood. The Royal Family in the UK today as an epitome of Britishness: the Windsor family. They abandoned their old name, which sounded more German bc they had German origins, and took on the name Windsor from the Windsor castle, bc it sounded more English. > However, this is all in the past, and there needs to be a redefinition of Britishness, in accordance with the diversity of Britons today.

III) Reimagining Britishness, according to multiculturalism

"As you might expect, the leader of the Brexit Party is a very British- or it would perhaps be more accurate to say very English figure" (l10). Such a sentence invites us to reflect upon the notions of Englishness and Britishness to know whether they could be antinomic.

What is it to be British ? To be English ? ( from Englishness to Britishness)

Is being English the same as Being British?


Conclusion: To conclude, one may say that this article raises numerous questions. By focusing on the political character of Nigel Farage and depicting both his career and his impact on the political landscape -from Britain to the world-, the columnist criticizes some sort of exclusive Britishness verging on the side of "fiery populism". Bagehot announces what a Brexit world might look like and paves the way for a redefinition of what we call "English", 'British' in order to produce a more inclusive and democratic narrative. That, only the future will tell.

Le temps accordé au commentaire doit être entre 12 et 14 minutes, durée nécessaire pour présenter une réflexion aboutie.




Frédéric Chevalier
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